• Il était une fois, dans le Mercantour, un sabotier, Michel, qui souhaite aller vers le village de Boréon, par le sentier des mélèzes. La lune se lève. Elle est pleine.

    Cette forêt appartient à M. Ropotou, c'est-à-dire au diable, qui loge ici en compagnie de diablesses et de sorcières, de fantômes et de loups-garous.

    Michel n'est pas rassuré, mais il marche. Il est armé d'un bâton de noisetier, ou coudrier. Il sait que les loups-garous ne craignent ni la lame d'un couteau, ni la balle de fusil (sauf trempées dans l'eau bénite) ; mais qu'ils redeviennent l'homme ou la femme qu'ils étaient si l'on réussit à leur planter un pieu de noisetier dans le coeur.

    Au carrefour des Quatre-Chemins, un loup-garou surgit, noir, velu, tordu, effrayant, les yeux rouges, les crocs aiguisés et les griffes acérées. 

    "Je vais prendre ton âme et l'apporter à mon maître" dit la créature.

    - "Essaie un peu !" répond Michel.

    Le monstre bondit, Michel est le plus rapide : son bras se détend, le bâton pointu s'enfonce dans la poitrine de la bête, dont le cri de haine s'achève dans un râle. Le loup-garou tombe à terre. Il tremble et est saisi de convulsions. Il reprend forme humaine.

    A sa stupéfaction, le sabotier reconnaît l'un de ses voisins, le meunier Gaspard ! Celui-ci est anéanti, pitoyable, la poitrine rougie de sang. Gaspard raconte que neuf ans auparavant, son ménage et son commerce allaient mal. Il signa un pacte avec le diable. En échange d'une jolie maîtresse et d'une grosse somme, il doit apporter neuf âmes à M. Ropotou. "J'en ai conduit huit à Satan" dit le meunier, "Je comptais sur la tienne. Tu as tout gâché. Demain, je serai obligé de livrer ma fille au prince des Enfers pour compenser mon échec".

    - "Tu as encore une solution" répond Michel. "Jure que tu lui apporteras l'âme de la première personne que tu toucheras à partir de maintenant".

    - "Je le jure !" lance Gaspard, qui claque des mains en prononçant ce serment ; et qu'il réalise, trop tard, que la première personne qu'il a touchée n'est autre que lui-même.

     

    LOUP GAROU

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  • En Franche-Comté, on raconte qu'une fois par an, à la Saint-Sylvestre, les loups quittent la forêt de la Joux et entrent dans les bourgades pour assister à une messe de minuit spéciale, messe animée par un loup, appelé "curé loup".

    Il était une fois, à la Champagnole, près de la forêt de la Joux, un maréchal-ferrant nommé Pierre. Son fils, Joseph, travaille avec lui. Un soir, le père appelle son garçon et lui dit : "Je t'ai enseigné tout ce que je sais. Pour moi, le moment est venu de te céder la place".

    - "Père, je ne t'abandonnerai pas" répond Joseph. 

    Le jeune Joseph devient maître maréchal-ferrant. Les clients affluent. Il se marie et vit heureux.

    Le soir de Noël, le père tombe malade. C'est grave. Pas de médecin : on fait venir un magicien, mi-rebouteux, mi-devin ; un personnage à la barbe grise, vêtu d'une robe de druide blanche, et dont les prescriptions sont bizarres... 

    "Ton père, dit le mage, ne mourra peut-être pas, mais il souffrira comme un damné de l'enfer jusqu'à ce qu'il ait mangé le remède adéquat.

    - "C'est-à-dire" ?

    - "La queue d'un loup ; je ne connais pas d'autres médicament. Le patient doit l'avaler entière" explique le magicien.

    Le garçon demande au magicien comment se procurer une queue de loup et le magicien lui dit qu'il doit se métamorphoser lui-même en loup. Il lui demande s'il veut essayer.

    Joseph accepte. Le magicien lui donne à boire un philtre qui contient, entre autres, le champignon vesse-de-loup, des fleurs de lupin et une plante toxique, aux corolles en casques jaune pâle, qu'on appelle "aconit tue-loup".

    Dès qu'il a bu, Joseph se change en canidé sauvage. Il a une fourrrure, le corps souple, les yeux verts, les oreilles dressées, la gueule rouge et les crocs aigus. Il file dans la forêt. Une meute l'accepte. Entre Noël et le Jour de l'An, il aide ses nouveaux congénères à voler des brebis.

    Arrive la Saint-Sylvestre. Les loups doivent choisir l'un d'eux pour servir la messe de minuit qu'un loup va dire. Joseph se propose. Le loup arrive, vêtu d'une soutane. On entre à l'église. L'office commence. A la fin, ne restent que Joseph et le loup qui a animé la messe. "Je vais t'aider à quitter tes habits de cérémonie" dit Joseph.

    Joseph s'approche du loup et d'un solide coup de gueule, il lui tranche la queue au ras du cul. Le loup déguerpit en hurlant. Joseph file chez lui et donne a manger son trophée à son père. Tout est ingurgité. Dans la minute qui suit, le malade guérit, le garçon reprend forme humaine, la vie son cours ordinaire.

     

    LOUVE

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  • Il était une fois un garçons si petit qu'on l'appelait "Planpougnis" (Plein-poignet). D'autres le baptisèrent "Le Petit Poucet" car il était grand comme le pouce.

    Les paysans ne peuvent plus cultiver la terre à cause de la guerre. Le peuple en est réduit à manger des racines et de l'herbe. Une mère de sept enfants décide de se débarrasser de son cadet, Planpougnis.

    Le garçon est minuscule et mange peu, mais c'est encore trop. La femme dit à ses aînés : "Allez perdre votre frère dans la forêt. Semez des petits cailloux blancs en marchant pour ne pas vous perdre. 

    Au coeur du bois, les grands se sauvent. Mais Planpougnis est malin : il repère les cailloux et rentre chez lui, où sa mère l'accueille avec des sanglots de remords et de joie.

    Le même problème se repose très vite : la mère doit sacrifier son dernier-né. Les enfants repartent en forêt. Les aînés abandonnent le cadet et ramassent en retour les cailloux qu'ils ont semés. Planpougnis, au désespoir, erre entre les arbres, le ventre creux. 

    Il finit par arriver dans un champ où broute un boeuf. Le petit garçon se dissimule dans une motte d'herbe. Le ruminant tend le mufle, tire la langue, cueille la touffe et engloutit le garçon en même temps que le fourrage. Planpougnis se débat dans le corps de l'animal. Impossible de sortir...

    Cependant, un paysan vient chercher l'animal et l'emmène chez le boucher. Le boeuf est tué et débité.

    Un loup passe et vole la tripaille, qu'il gobe avec le petit à l'intérieur. Pour sortir de l'estomac du loup, Planpougnis recourt à la ruse. Chaque fois que le prédateur tente de s'approcher d'un troupeau, l'enfant hurle "Au loup !... Berger, gare à tes bêtes !".

    Alerté, le berger brandit son bâton et lance ses chiens. Le loup doit fuir. A la fin, le loup, au bord de l'inanition, consulte le renard : "Je ne sais pas ce qui se passe dans mon ventre, j'ai avalé quelque chose qui crie "Au loup !" dès que j'avance vers un mouton, une chèvre ou même une poule. Il faut que je me libère de ce parasite, sinon je mourrai de faim". 

    Le renard réfléchit et trouve un moyen : "Tu vois, dit-il, les deux arbres. Là-bas, qui se touchent presque ? Tu vas prendre ton élan depuis le sommet de la colline et passer entre les deux troncs. Tu auras très mal, mais c'est le seul moyen de se débarrasser de ce qui t'encombre".

    Le loup obéit. Il fonce, ses côtes craquent, son abdomen est presque écrasé, mais la manoeuvre réussit : Planpougnis est expulsé... par les voies naturelles postérieures. 

    L'enfant se nettoie dans une rigole qui gargouille. Il escalade un grand hêtre pour tenter de se repérer. C'est alors qu'il entend discuter au pied de l'arbre. Deux voleurs y enterrent une cruche emplie de pièces d'or volées. Lorsqu'ils ont disparu, l'enfant s'empare du butin. Le voilà riche. 

    Il retrouve ses frères et sa mère, dont aucun mot ne saurait décrire le remord et le bonheur.

     

    LOUP ENFANT

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  • LOUP NOIR ET BLANC

    LOUP NOIR ET BLANC BIS


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  • Pendant certaines périodes chiffrées, le loup ne peut commettre de méfaits. 

    En Berry, on croit que le loup est neuf jours badé (ouvert) et neuf jours fermé, ce qui signifie que pendant neuf jours il a la mâchoire libre et mange tout ce qu'il rencontre et que pendant les neuf jours suivants, il ne peut desserrer les dents et se trouve condamné à un long jeûne. Dans quelques villages de cette région, les bergères affirment que "le loup est à craindre que dans les dix-huit jours durant lesquels il se nourrit de chair et de sang, "trois mois sur l'herbe et trois mois sur le vent". La durée de ces périodes se base sur le chiffre 3 qui régit le calendaire lunaire. De plus, le loup ne voit pas lorsqu'il y a clair de lune et le brouillard devient favorable à ses déprédations.

    Parfois, le chiffre 7, symbolique, apparaît comme repère : "si le jour de la Saint-Georges, le loup parvient à saisir un mouton, il en prendra un pendant quatorze jours de suite, sans qu'on puisse l'en empêcher. Dans ce cas, il ne mange pas la chair, il ne fait que boire le sang".

    TETE LOUP


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