• En Franche-Comté, on raconte qu'une fois par an, à la Saint-Sylvestre, les loups quittent la forêt de la Joux et entrent dans les bourgades pour assister à une messe de minuit spéciale, messe animée par un loup, appelé "curé loup".

    Il était une fois, à la Champagnole, près de la forêt de la Joux, un maréchal-ferrant nommé Pierre. Son fils, Joseph, travaille avec lui. Un soir, le père appelle son garçon et lui dit : "Je t'ai enseigné tout ce que je sais. Pour moi, le moment est venu de te céder la place".

    - "Père, je ne t'abandonnerai pas" répond Joseph. 

    Le jeune Joseph devient maître maréchal-ferrant. Les clients affluent. Il se marie et vit heureux.

    Le soir de Noël, le père tombe malade. C'est grave. Pas de médecin : on fait venir un magicien, mi-rebouteux, mi-devin ; un personnage à la barbe grise, vêtu d'une robe de druide blanche, et dont les prescriptions sont bizarres... 

    "Ton père, dit le mage, ne mourra peut-être pas, mais il souffrira comme un damné de l'enfer jusqu'à ce qu'il ait mangé le remède adéquat.

    - "C'est-à-dire" ?

    - "La queue d'un loup ; je ne connais pas d'autres médicament. Le patient doit l'avaler entière" explique le magicien.

    Le garçon demande au magicien comment se procurer une queue de loup et le magicien lui dit qu'il doit se métamorphoser lui-même en loup. Il lui demande s'il veut essayer.

    Joseph accepte. Le magicien lui donne à boire un philtre qui contient, entre autres, le champignon vesse-de-loup, des fleurs de lupin et une plante toxique, aux corolles en casques jaune pâle, qu'on appelle "aconit tue-loup".

    Dès qu'il a bu, Joseph se change en canidé sauvage. Il a une fourrrure, le corps souple, les yeux verts, les oreilles dressées, la gueule rouge et les crocs aigus. Il file dans la forêt. Une meute l'accepte. Entre Noël et le Jour de l'An, il aide ses nouveaux congénères à voler des brebis.

    Arrive la Saint-Sylvestre. Les loups doivent choisir l'un d'eux pour servir la messe de minuit qu'un loup va dire. Joseph se propose. Le loup arrive, vêtu d'une soutane. On entre à l'église. L'office commence. A la fin, ne restent que Joseph et le loup qui a animé la messe. "Je vais t'aider à quitter tes habits de cérémonie" dit Joseph.

    Joseph s'approche du loup et d'un solide coup de gueule, il lui tranche la queue au ras du cul. Le loup déguerpit en hurlant. Joseph file chez lui et donne a manger son trophée à son père. Tout est ingurgité. Dans la minute qui suit, le malade guérit, le garçon reprend forme humaine, la vie son cours ordinaire.

     

    LOUVE

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  • Il était une fois un garçons si petit qu'on l'appelait "Planpougnis" (Plein-poignet). D'autres le baptisèrent "Le Petit Poucet" car il était grand comme le pouce.

    Les paysans ne peuvent plus cultiver la terre à cause de la guerre. Le peuple en est réduit à manger des racines et de l'herbe. Une mère de sept enfants décide de se débarrasser de son cadet, Planpougnis.

    Le garçon est minuscule et mange peu, mais c'est encore trop. La femme dit à ses aînés : "Allez perdre votre frère dans la forêt. Semez des petits cailloux blancs en marchant pour ne pas vous perdre. 

    Au coeur du bois, les grands se sauvent. Mais Planpougnis est malin : il repère les cailloux et rentre chez lui, où sa mère l'accueille avec des sanglots de remords et de joie.

    Le même problème se repose très vite : la mère doit sacrifier son dernier-né. Les enfants repartent en forêt. Les aînés abandonnent le cadet et ramassent en retour les cailloux qu'ils ont semés. Planpougnis, au désespoir, erre entre les arbres, le ventre creux. 

    Il finit par arriver dans un champ où broute un boeuf. Le petit garçon se dissimule dans une motte d'herbe. Le ruminant tend le mufle, tire la langue, cueille la touffe et engloutit le garçon en même temps que le fourrage. Planpougnis se débat dans le corps de l'animal. Impossible de sortir...

    Cependant, un paysan vient chercher l'animal et l'emmène chez le boucher. Le boeuf est tué et débité.

    Un loup passe et vole la tripaille, qu'il gobe avec le petit à l'intérieur. Pour sortir de l'estomac du loup, Planpougnis recourt à la ruse. Chaque fois que le prédateur tente de s'approcher d'un troupeau, l'enfant hurle "Au loup !... Berger, gare à tes bêtes !".

    Alerté, le berger brandit son bâton et lance ses chiens. Le loup doit fuir. A la fin, le loup, au bord de l'inanition, consulte le renard : "Je ne sais pas ce qui se passe dans mon ventre, j'ai avalé quelque chose qui crie "Au loup !" dès que j'avance vers un mouton, une chèvre ou même une poule. Il faut que je me libère de ce parasite, sinon je mourrai de faim". 

    Le renard réfléchit et trouve un moyen : "Tu vois, dit-il, les deux arbres. Là-bas, qui se touchent presque ? Tu vas prendre ton élan depuis le sommet de la colline et passer entre les deux troncs. Tu auras très mal, mais c'est le seul moyen de se débarrasser de ce qui t'encombre".

    Le loup obéit. Il fonce, ses côtes craquent, son abdomen est presque écrasé, mais la manoeuvre réussit : Planpougnis est expulsé... par les voies naturelles postérieures. 

    L'enfant se nettoie dans une rigole qui gargouille. Il escalade un grand hêtre pour tenter de se repérer. C'est alors qu'il entend discuter au pied de l'arbre. Deux voleurs y enterrent une cruche emplie de pièces d'or volées. Lorsqu'ils ont disparu, l'enfant s'empare du butin. Le voilà riche. 

    Il retrouve ses frères et sa mère, dont aucun mot ne saurait décrire le remord et le bonheur.

     

    LOUP ENFANT

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  • LOUP NOIR ET BLANC

    LOUP NOIR ET BLANC BIS


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  • Pendant certaines périodes chiffrées, le loup ne peut commettre de méfaits. 

    En Berry, on croit que le loup est neuf jours badé (ouvert) et neuf jours fermé, ce qui signifie que pendant neuf jours il a la mâchoire libre et mange tout ce qu'il rencontre et que pendant les neuf jours suivants, il ne peut desserrer les dents et se trouve condamné à un long jeûne. Dans quelques villages de cette région, les bergères affirment que "le loup est à craindre que dans les dix-huit jours durant lesquels il se nourrit de chair et de sang, "trois mois sur l'herbe et trois mois sur le vent". La durée de ces périodes se base sur le chiffre 3 qui régit le calendaire lunaire. De plus, le loup ne voit pas lorsqu'il y a clair de lune et le brouillard devient favorable à ses déprédations.

    Parfois, le chiffre 7, symbolique, apparaît comme repère : "si le jour de la Saint-Georges, le loup parvient à saisir un mouton, il en prendra un pendant quatorze jours de suite, sans qu'on puisse l'en empêcher. Dans ce cas, il ne mange pas la chair, il ne fait que boire le sang".

    TETE LOUP


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  • Selon les provinces, les ruraux affublent le loup de vocables différents. En Basse-Bretagne, on le nomme "Guïllaouïc ar bleiz", "Yann" en pays de Tréguier, dans le Forez "Gabriel" ou "Pied déchaussé" en Provence. Parfois, on parle "du grand chien courant" ou "de la vilaine bête".

    Dans la plupart des contrées, on évoque tout simplement le loup ou "le leu" et on emploie volontiers le singulier pour désigner l'ensemble de l'espèce.

    En employant un surnom, on empêche l'animal malfaisant de surgir et de faire du mal. En certains pays, prononcer son nom provoque des méfaits. Les pêcheurs des pays celtiques croient que pour porter malheur, il suffit de prononcer le nom de certains animaux pour empêcher le poisson de mordre. Vers Audierne, le loup est si redouté que les vieux marins levaient l'ancre dès que ce mot avait été dit et revenaient sur terre ; aujourd'hui, le patron prend dans le bateau le premier poisson qui se trouve sous sa main et le jette à l'eau pour conjurer la mauvaise chance, en disant : "Tiens, Ki-coat" ("chien des bois = loup), voilà ta part !".

    D'après un récit du Morbihan, Dieu voyant que les bergers ne gardaient plus leurs moutons et laissaient les animaux manger le blé, frappa du pied sur une motte de terre et en fit sortir le loup. 

    A l'origine des légendes sur le loup, ce dernier aurait eu une très grande queue. Les pâtres l'enroulaient autour d'un arbre qui l'empêchait de ravir les moutons. Le loup s'en plaignit à Dieu qui ramena la queue à une longueur convenable. 

    Dans les campagnes morbihiannaises, les paysans racontent qu'il a les reins brisés depuis que la Vierge l'a frappé de sa quenouille pour lui éviter d'être malfaisant ; en Auvergne, il ne peut retourner la tête, ni plier sa colonne vertébrale pour regarder derrière lui. Beaucoup de régions livrent ainsi une explication légendaire à telle ou telle caractéristique ou prétendue anomalie physique du loup.

    Un certain nombre de préjugés circulent aussi sur le loup. On affirme en pays normand et lorrain, dans les Hautes-Alpes ou la Drôme, qu'en mettant bas, la louve donne aussi le jour à un chiot. Le jour de la Saint-Jean, quand la nichée a grandi, elle la conduit au bord d'un ruisseau. Là, elle reconnaît le petit chien à sa manière de boire, puisque le chien lape et le loup boit. Alros, elle dévore sur-le-champ le fruit "dégénéré de ses entrailles".

    Si en Limousin le loup lâche prise quand il se trouve sur le chemin de la messe, en pays rennais sa gueule brille dans l'obscurité. S'il court la gueule ouverte, c'est qu'il doit faire de trop grands efforts en s'aidant de ses pieds pour la rouvrir lorsqu'elle est fermée...

    LOUP BIS


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